voilà un partie d la suite changment de point de vue, de dynamique, j'espère que la transition ne sera pas trop brutale ... à vous de me le dire
L'ASCENSION
(Adélaide)
Une image, un visage, un nourrisson, une fille ... ma fille, Maiwen. J'ignore ou je me trouve, je suis certainement morte maintenant. Mais quel est ce sentiment étrange? Je n'ai plus mal, c'est rassurant. Il fait bon, c'est agréable. Impossible pourtant de parvenir à ouvrir les yeux. Ce souvenir si précieux, le regard de ma fille ne doit jamais quitter mon esprit. Je ne la connaitrais jamais, je ne peux donc me résoudre à l'oublier. C'est tout ce qui me reste. Malgré tous mes efforts, impossible d'obtenir quoique ce soit concernant Théophile, ni ses traits, ni même sa voix, rien. Un malaise m'envahi.
_" Ce n'est pas fini ... " me lamentais-je dans un souffle.
_" Tout ne fait que commencer Adélaide." à la fois proche et lointaine cette voix fantomatique m'ouvrit les paupières.
Une lueur pourtant feutrée m'aveugla m'obligeant à fermer de nouveau mes yeux. Privée de mon principal sens, je me concentrai sur les autres. D'abord l'ouie ; je tendis l'oreille, très concentrée ... en vain. Aucun bruit vraiment distinct, juste un calme Olympien. Ensuite l'odorat ; j'ouvris en grand mes narines emplissant mes poumons à grandes inspirations.Je ressentis une impression de fraicheur sucrée, odeure envoutante dont l'arome m'arracha un sourire délectable. Maintenant le toucher ; prudente, je commençai par palper mon corps, j'avais l'impression d'être nue et pourtant du tissu recouvrait ma peau. Un tissu fin, délicat et raffiné. De la soi peut être.... non plutot du satin, tellement raffraichissant. Encouragée par des sensations aussi agréables je laissai aller mes mains autour de moi. Une sorte de mousse onctueuse prenait la forme exacte de mes bras, suivant fidèlement chacun de mes mouvements. Plus léger qu'une mousse, c'était comme un bain de nuages, une matière douce et insaisissable. Impossible de tenter de gouter quoique ce soit, je ne trouvait rien de solide à ma portée. Une petite voix en moi m'ordonna alors de risquer une ultime fois ma vue. Brave soldat, je m'exécutai et mes paupières s'ouvrirent automatiquement. La luminosité était devenue bien plus supportable, je pouvais enfin profiter pleinement de ce lieux féérique. La mousse ressemblait à un épais brouillard tantôt violet, mauve, bleu, ou grenad délivrant ses fameux âromes ennivrants. Je reconnu alors ses composants ; baies, mûres, cassis et autres fruits des bois, mes fruits préférés en somme. Une main immatérielle, quasi invisible se posa sur mon épaule. Si je n'avais pas déjà été persuadé d'être morte à ce moment précis, j'aurai pu craindre que mon coeur lache.
_" Bienvenue à toi. Tu as été très impressionnante ces derniers mois. Nous t'avons observé, testé toute ta vie à ton insus, aujourd'hui nous t'accueillons. Tu le mérites Adélaide. Tu verras, nos perspectives sont infinies .... tu es une priviligiée et tu ne seras pas déçue." Un vieillard souriant ce tenait là devant moi, l'air très satisfait, plus de lui même que de ma petite personne contrairement à ce qu'insinuait son discours.
_" Monsieur, j'ignore qui vous êtes mais vous ne m'êtes pas vraiment étranger non plus. Je sais lire entre les lignes et je vois bien que vous attendez encore quelque chose de moi. Je déteste les mondanités alors je vous supplie de bien vouloir enfin répondre à mes questions..."
J'étais désespérée, ma vie m'échappait complètement. Je m'efforçais de rester la plus cordiale possible mais cela me semblait être l'effort de trop. Mes souvenirs aussi, peu à peu m'abandonnés. J'avais beau lutter, les traits de Cassy et Lucian s'effaçaient, le visage de mon tendre Franky devenait flou, seul le regard de Maiwen me transperçait encore de part en part. Mon insolence aurait pu provoqué la colère de cet inconnu qui me faisait face, mais la peur n'avait plus d'emprise sur moi. Je n'avais plus rien à perdre, on m'avait déjà arraché ma vie, mes amours, mes trésors ; mes enfants et mon homme. Ma disparition avait un sens pour cet homme, mais j'en avais cure, plus rien ne comptait à ce moment précis.
Légèrement courroucé mais apparement attendri par mon élan de passion, l'homme me fit un clin d'oeil puis eut un petit mouvement de tête pour m'inciter à le suivre. Le tout sans ouvrir la bouche.
_" Guillem?..." Ce sourire, cette démarche, cette lueur dans l'oeil, cet homme était le sosie parfait de mon parrain. Il ne parut pas une seconde surpris ou destabilisé, il ne prit même pas la peine de me répondre. Pas un regard en coin complice, ni un sourire approbateur, rien, si ce n'est cette démarche qui semblait confirmer son identité.